L’AFFICHE DE FILM

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Initialement, la définition de l’affiche de film est simple : c’est un visuel qui est destiné à promouvoir un film. Son format peut varier et chaque pays à sa norme. Mais certains éléments restent tout de même incontournables tels que le titre du film, son auteur, les acteurs qui y figurent ou encore une photographie ou une illustration qui présente, voire représente globalement l’œuvre. 

L’affiche de film est donc un élément marketing. Par conséquent juger son esthétique n’aurait pas de sens puisqu’elle n’est pas destinée à être jolie mais son but est principalement, et avant tout, d’attirer un public. 

Mais alors qu’est-ce qui guide exactement les choix graphiques pour une affiche de cinéma de nos jours ?  

L’histoire de l’affiche de film

Pour essayer d’y voir plus clair, il faut d’abord se pencher sur l’évolution de celles-ci à travers les époques. On peut alors observer que depuis l’apparition du cinéma, les créateurs se laissent beaucoup influencer par les mouvements artistiques de leurs époques pour promouvoir un film. Par exemple, quand le film l‘Inhumaine est sorti en 1921, on peut constater que son affiche reprend parfaitement les codes graphiques du mouvement populaire de l’époque : le Cubisme. On pourrait aussi se pencher sur l’affiche de The breakfast at Sunrise. Sorti en 1927 et dont l’affiche s’appuie sur les principes des Arts Décos. Quant au style hippie, par exemple, qui connaissait son essor dans les années 60, il est bien représenté, sans surprise, par l’affiche du Casino Royal en 1967.

 Mais alors le 21e siècle marque définitivement un tournant dans cette évolution avec l’arrivée de l’ère numérique puisque c’est aussi l’apparition des montages photos, jusqu’ici laborieux, et le début de son utilisation grâce à la démocratisation des nouveaux logiciels spécialisés. 

Un tournant dans l’évolution

On pourrait penser que cette nouvelle ère technologique sera alors accompagnée d’une innovation artistique. Mais bien au contraire, puisque c’est le début d’une ère d’uniformisation : les affiches de films ne seront donc pas épargnées. 

`On peut trouver une explication logique à cette uniformisation. Serait-ce forcément une preuve de « flemmardise » ou encore un « manque de créativité ou d’inventivité » des graphistes comme l’aurait dénoncé Vincent Cassel dans un tweet relevant les différentes similitudes sur les affiches de comédies françaises ?

Et si c’était bel et bien une volonté, une stratégie marketing qui aurait été réfléchi et élaboré en amont ? 

Il est vrai qu’avec cette fameuse ère numérique, l’espace digital est privilégié au physique. Le métier d’affichiste se précarise : ce n’est plus le pinceau et la fibre artistique qui guident la main de l’artiste mais ce sont les données, dont le rôle est de prédire ce qui va retenir le plus l’attention du public. 

En effet, le spectateur est abreuvé d’images, de bandes annonces, d’affiches en tout genre. Le rôle du graphiste est alors d’aiguiller son œil, de le faire s’y retrouver, de ne pas le perdre davantage. D’où la nécessité d’aller reprendre des codes graphiques préétablies. Cette codification est un moyen de communication qui répond simplement à l’objectif de suggérer on ne peut plus clairement de quels autres films anciens, de quel genre, de quelle famille ce nouvel objet cinématographique se rapproche afin d’attirer la bonne clientèle et de guider le consommateur dans son choix.

Les différents genres cinématographiques

Par exemple, on peut remarquer la similitude des affiches de comédies, arborant toutes des couleurs claires et très flashy, un fond uni, et un ou deux personnages tout au plus sur l’image. Une composition plutôt simple pour traduire la simplicité de l’intrigue et la non prise de tête. 

Les films d’actions, au contraire, s’illustrent généralement par une surcharge de l’image, illustrant une scène emblématique du film ou bien la tête des acteurs en gros plan, et parfois même les deux pour les plus audacieux comme c’est le cas avec l’affiche de Pirates des Caraïbes.

Le genre de l’horreur pourrait aussi nous servir d’exemple. Avec ses tons toujours très ternes, des sous-tons souvent bleutés comme les affiches emblématiques du cinéma d’horreur : Annabelle, Conjuring etc.

Pourquoi croyez-vous que le style de l’affiche du récent film Dune se rapproche autant de celles des fameuses affiches de la très célèbre saga Star Wars ?  Parce que c’est exactement la similitude que l’équipe marketing veut mettre en avant dans la promotion.

Ce choix s’explique aussi parce qu’aujourd’hui, l’univers cinématographique devient de plus en plus concurrentiel. 300 films sont présentés au public chaque année en France. On peut en compter 8 sur 10 comme des échecs selon le public. 

Une vraie stratégie de communication

Alors pour la promotion de la sortie d’un film, l’équipe marketing préfère ne pas trop prendre de risque. Elle garde une forme que le public apprécie, pour ne pas risquer de les perdre en chemin. 

Ce phénomène est très bien illustré si l’on prend le temps d’observer l’historique des affiches des comédies françaises. Le bleu et le jaune reviennent très souvent. Et ça depuis la sortie et le succès de Bienvenue chez les chtis et son affiche emblématique, sorti en 2008. Avant ça, le rouge et le blanc étaient beaucoup plus souvent mis en avant pour le même genre de film. Ce phénomène est observable depuis 1992 et le franc succès de « Un dîner de Con ». Et devinez de quelles couleurs était l’affiche ? 

Alors, un refus de prise de risque, une « flemmardise », ou un choix stratégique conscient et mesuré ? À vous de trancher.

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