Sorti le 28 septembre 2022 au cinéma, Smile est un film d’horreur réalisé par l’américain Parker Finn. Sourire et épouvante sont réunies dans cette œuvre pour aborder des sujets sensibles tels que le suicide, le traumatisme, le mal-être ou encore la schizophrénie. Mais comment le film met-il en scène les troubles mentaux ?
Une chose inconnue
En 2020, Parker Finn sort le court-métrage Laura Hasn’t Slept avec Lew Temple dans le rôle du thérapeute et Caitlin Stasey dans le rôle de Laura. Pendant ces 11 minutes, on assiste à la séance de thérapie de Laura chez le Dr Parsons. Comme dit dans le titre, Laura n’arrive pas à dormir depuis quelque temps. Elle lui confie les raisons pour lesquelles elle ne trouve pas le sommeil : des sourires. Elle voit des personnes lui sourire chaque fois qu’elle pense dormir. Réalité ? Cauchemar ? Difficile à distinguer… Tout semble si réel. Mais comment une telle horreur pourrait-elle être vraie ? Difficile à croire. Laura préfère définir ses moments comme des cauchemars et reste très flou dans sa description. Les sourires qu’elle voit sont en fait la manifestation d’une même « chose ». Au fur et à mesure de la conversation, la séance dérive vers l’obscurité et Laura replonge dans l’effroi… Ce court-métrage se finit sur une chute qui nous tient en haleine et introduit subtilement ce qui va suivre prochainement : Smile.
Souris à la mort !
En 2022, Smile fait enfin son apparition sur grand écran. Le film propose une grande distribution: Sosie Bacon, Caitlin Stasey, Kyle Gallner, Robin Weigert, etc. On retrouve Laura dans le rôle perturbateur de l’histoire… Tout commence lors d’une consultation avec sa psychiatre Rose. Même schéma que dans Laura Hasn’t Slept, elle décrit ce qui la hante et ce qui tourmente ses nuits ; sauf que cette fois-ci, elle se suicide pendant la séance. La psychiatre en ressort terrifiée et devient à son tour, victime d’une menace extérieure : cette « chose » qui lui sourit. Cette « chose » se révèle être un esprit démoniaque qui se transmet de personne en personne (par le suicide). Tout au long du film, le démon ronge l’esprit de Rose et s’approprie son traumatisme passé.
Un traumatisme éveillé
Enfant, elle assiste au suicide de sa mère : morte d’une overdose. Depuis, ces images ne cessent de la hanter et de lui torturer l’esprit nuit et jour. Le suicide de sa patiente Laura ne l’aide pas. C’est un traumatisme supplémentaire pour elle. Il accentue ses fragilités en faisant écho au souvenir de sa mère. Plus le temps avance, plus son état empire. Des flashbacks, des visages et des sourires habitent Rose. Le souvenir traumatisant ne cesse de ressurgir. Rose se retrouve bloquée face à ses démons passés. On remarque que le passé traumatisant est personnifié par la créature démoniaque. Comme dans beaucoup de films d’horreur, les monstres jouent des faiblesses de leurs victimes pour les effrayer et se nourrir de leur effroi pour exister. Il faut savoir qu’un monstre est un monstre à partir du moment où on en a peur. Au début, Rose va chercher à les fuir, les ignorer et les éviter. Mais rapidement, elle comprend que ce n’est pas la solution. Pour mettre un terme à ce cercle vicieux, il faut les affronter. Il faut faire face à ses plus grosses douleurs, peines et chagrins pour avancer l’esprit plus léger.
Un mal-être immortel ?
Le mal-être est la conséquence du traumatisme. C’est une sensation de malaise qui peut être mentale ou physique. Pendant ces 90 minutes, le réalisateur cherche à nous déséquilibrer par des plans à l’envers, en mouvement et cette musique angoissante (des sortes de grincements, de gémissements et des sons de cloches indéfinissables). Contrairement aux autres films d’horreur, les couleurs sont très vives. Cela génère alors un « malaise » voire une gêne (auditive et visuelle) chez le spectateur. Cette sensation nous met en condition pour suivre le parcours de Rose et mieux ressentir son mal-être. Progressivement, elle se referme sur elle et son mal-être grandit. Rose va s’isoler et s’éloigner de ses proches (sœur, copain, collègues, etc) au fur et à mesure. Elle va vite devoir affronter son passé seule et ouvrir ses chakras. Y arrivera-t-elle ? Pour le savoir, regardez Smile :).
Un mal-être immortel ?
Smile a été de nombreuses fois critiqué par les amateurs de film d’horreur. Pour eux, il ne répond pas à l’originalité car il suit les clichés d’horreur et se plie à la mécanique traditionnelle. Il n’est pas assez surprenant. Mais Smile reste un film tout de même remarquable pour son message poignant au sujet des troubles mentaux. Il garde une esthétique traditionnelle tout en portant un message fort au sujet du combat contre soi-même. On peut facilement s’identifier et associer nos faiblesses aux sourires terrifiants de Smile. Alors, avant de chercher la peur dans un film dit « horreur », ne devrait-on pas plutôt s’intéresser à son sens et à l’histoire qui se cache derrière tous ces effets spéciaux ?
Crédit des images slides et celle de mise en avant: Paramount Pictures
Très intéressant !